Finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations en 2006 avec l’équipe de Côte d’Ivoire, Kanga Akalé s’est prononcé sur la demi-finale qui opposera les Éléphants aux Léopards, ce soir (20h00 GMT), au stade Alassane Ouattara d’Abidjan.
Un choc entre deux équipes qui ont déjà deux étoiles sur leurs maillots respectifs. Pour l’ancien milieu offensif international ivoirien, cette rencontre sera très engagée. Mais, il estime que les Ivoiriens devraient se mettre au même niveau d’engagement que la RD Congo, qui est une équipe très athlétique et costaude.
Entretien
La 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire est considérée comme la meilleure de l’histoire. Est-ce aussi votre avis ?
Pour moi, je dirais que la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations est la meilleure de l’histoire, vu les scénarios qu’il y a, mais aussi le nombre de buts marqués et le spectacle qu’elle procure. Mais, également l’affluence qu’il y a dans les stades. Elle fait partie, sinon c’est la meilleure CAN de l’histoire.
Quand on voit les petites équipes gagner et on voit que tous ceux qui étaient considérés comme favoris sont pratiquement tous tombés. On voit le miracle ivoirien se produire de match en match, après le fameux 4-0 que la Côte d’Ivoire a pris devant la Guinée Équatoriale. Pour moi, il y a tellement de scénarios digues que je dirai que c’est la meilleure de toutes les CAN.
Comment avez-vous vécu la large défaite de la Côte d’Ivoire devant la Guinée Équatoriale (0-4) et sa résurrection jusqu’en demi-finale ?
Je l’ai vécu comme tout ivoirien. On a pris un coup monumental sur la tête parce que prendre 4-0 sur son terrain et dans son pays, ça fait mal et très mal… Je pense qu’aucun Ivoirien ne s’attendait à un tel scénario. Nous avons tous mal vécu cette défaite. J’ai vu des commentaires où certains ne comprenaient pas comment on a encaissé autant de buts.
Comme tout Ivoirien, j’ai été sonné… J’ai été déçu, surtout par la prestation de notre équipe. J’ai été vraiment choqué. Après, je me suis dit que cela a été un mal pour un bien parce qu’après ce 4-0, je vois que l’équipe a bien réagi et aujourd’hui, nous passons d’étape en étape. Voilà, nous sommes toujours en course, nous sommes en demi-finale.
Nous pouvons dire que la Côte d’Ivoire a été miraculée jusqu’à présent ?
Bien sûr qu’on a été miraculé jusqu’à présent. D’abord par les scénarios dingues qu’il y a dans cette compétition. Déjà le Ghana menait 2-0, mais s’est fait rattraper dans les arrêts de jeu (2-2 par le Mozambique, ndlr). Ce qui nous a donné une chance de se qualifier pour les huitièmes.
Quand vous voyez que le Maroc joue le coup à fond pour qu’on puisse se qualifier (1-0 contre la Zambie). À partir de cette victoire, quand je regarde le match contre le Sénégal où on a été dominé de la tête aux pieds et qu’au finish, on se qualifie aux tirs au but (1-1, tab 5-4).
Quand, on regarde le scénario du Mali. Là, c’est encore plus dur, c’était à 10 contre 11. Voilà, on a joué le coup à fond jusqu’à la 90e minute et puis marquer un but, même si on voit qu’il y a eu beaucoup de contres favorables.
Est-ce qu’on ne peut pas dire que c’est un miracle ? On est miraculé, mais je dis aussi que les joueurs ont cru en eux. Il y a une part divine et comme on dit : « C’est Dieu qui est avec nous ». Les joueurs ont cru en eux et ils ont tout donné sur le terrain pour que ce miracle puisse avoir lieu. Donc voilà, pour moi, il y a une part de miracle dans le parcours des Ivoiriens jusqu’à présent.
En demi-finale, la Côte d’Ivoire sera privée de quatre joueurs clés, notamment Serge Aurier, Odilon Kossounou, Christian Kouamé et Oumar Diakité. Cela va-t-il compliquer les choses pour Emerse Fae ?
Je pense que c’est quatre éléments importants, mais la Côte d’Ivoire a des éléments pour pouvoir les remplacer. Je pense que Willy Boly a fait une bonne entrée à la place de Kossonou la dernière fois. Je pense que Singo a aussi fait une bonne entrée à la place de Serge Aurier.
On a Haller, qui peut jouer à la place de Christian Kouamé. On a Adingra qui peut jouer à la place de Diakité, mais aussi Pepe, Gradel, Jonathan Bamba. On a beaucoup d’éléments pour pouvoir les remplacer.
Ma seule crainte, c’est l’enchaînement des 120 minutes. Est-ce que ça ne va pas peser sur les organismes, les jambes ? Quand on voit que la RD Congo n’a joué que 90 minutes. Ils se sont même permis de faire sortir des éléments clés à 3-1 (contre la Guinée) pour leur permettre d’avoir plus de repos. C’est là que se trouve ma crainte, l’enchaînement de matchs de 120 minutes. Sinon, ils sont remplaçables.
Quelle analyse faites-vous de ce choc RD Congo vs Côte d’Ivoire, sachant bien que les Léopards sont encore invaincus dans cette compétition ?
J’ai regardé tous les matchs de la RD Congo, c’est une équipe athlétique et costaude. Une équipe très très athlétique, qui a de bons frappeurs de coups de pied arrêtés. Je me dis qu’on a de la qualité. On a une équipe qui a plus de qualité que la RD Congo.
Mais, cette Coupe d’Afrique réserve beaucoup de surprises. Je crois que si on joue à notre niveau, si on joue comme on l’a toujours fait depuis la phase à élimination directe, je pense qu’on peut passer, même si c’est une équipe difficile à battre. On est chez nous et je pense qu’avec l’appui du public, on pourra passer l’étape de la RD Congo pour jouer la finale. Je pense aussi que ça va être un match très engagé.
Pour jouer une équipe aussi athlétique que la RD Congo, il va falloir se mettre au même niveau d’engagement qu’eux. Ils ne prennent pas de buts, c’est vrai que c’est une équipe qui n’a pas encore perdu dans cette compétition. Mais, je pense qu’il y a toujours une première à toute chose, parce que contre nous, ils auront leur première défaite. La Côte d’Ivoire passera et c’est tout.
Que pensez-vous du duo Emerse Fae et Guy Demel, deux de vos anciens coéquipiers, qui ont pris le train en marche après le repêchage de l’équipe ivoirienne ?
Ils font du bon travail, parce que vous regardez, ils ont redonné de l’allant à l’équipe. Sur le plan psychologique, ils ont dû travailler sur le mental. Tous les joueurs sont sur la bonne marche et moi je pense que ce travail était le plus important. Je pense que ce travail permet aujourd’hui à l’équipe de se surpasser.
Ce sont des anciens joueurs, ils ont connu l’équipe nationale et ils ont fait des carrières internationales. Avec leurs vécus dans le football professionnel, ils ont su transmettre cela aux jeunes pour qu’ils puissent se battre, parce que la Coupe d’Afrique se passe chez eux. Ils ne doivent pas baisser les bras.
Sur ce plan, ils ont réussi. Je vois également que sur le plan tactique, ils arrivent à mettre quelque chose en place. Quand on voit le match face au Mali à 10 contre 11, ils ferment les couloirs pour empêcher les Maliens de passer. Je vois qu’ils ont une intelligence tactique.
Il faut donner la chance à nos compatriotes de pouvoir exercer le métier de sélectionneur. Avec leur vécu et leur expérience, ils (Emerse Fae et Guy Demel) donnent raison à tous ceux qui disent de donner la chance aux locaux. Surtout quand on voit le Sénégal avec son sélectionneur (Aliou Cissé)… Pour moi, ils font du bon travail et vont soulever la Coupe.
Pouvez-vous nous décrire le futur champion d’Afrique des nations, qui succédera au Sénégal ?
Je vais juste vous dire que le champion sera l’Éléphant. L’Éléphant d’Afrique, c’est la Côte d’Ivoire. Avec tous les scénarios que nous voyons, nous avons de l’espoir et nous avons la foi que c’est l’Éléphant qui soulève cette coupe d’Afrique.