Actuellement en France, l’ancien sélectionneur de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Bénin, Michel Dussuyer (64 ans), regarde toujours de près l’évolution du football africain. Pour lui, il serait très difficile de parler de favoris pour la prochaine CAN, mais il mise sur le Maroc et la Côte d’Ivoire (pays hôte). Il estime également que la Guinée a un potentiel offensif non négligeable et que la sélection guinéenne voudrait prendre sa revanche sur la Gambie.
Entretien
Vous êtes un grand connaisseur du football africain pour avoir entraîné plusieurs sélections comme la Guinée, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire. Comment voyez-vous l’évolution de ce football ?
Je vois une évolution positive au niveau du football africain, avec de belles avancées, grâce à la mise en place d’actions. Pour moi, l’une des plus importantes est la mise en place de la licence CAF, qui permet aux entraîneurs d’être formé, de pouvoir acquérir des connaissances.
Quand on a des entraîneurs qui sont compétents, forcément cela se ressent sur la qualité de la formation des jeunes. C’est à ça que je pense aussi. Ce qui laisse entrevoir aussi une belle marge de progression, si on sait le recevoir de nombre de talents sur le continent africain.
Après, il y a également au niveau de l’Afrique, la référence c’est la Coupe du Monde. Le Maroc a franchi une étape supplémentaire en arrivant en demi-finale. Je crois que c’est quelque chose qui doit encourager toutes les sélections africaines à être encore plus ambitieuses. Je pense que dans l’avenir, l’Afrique finira par décrocher une Coupe du Monde.
La Côte d’Ivoire abritera la 34ème édition de la CAN à partir du 13 janvier 2024. Pensez-vous que l’équipe ivoirienne sans Wilfried Zaha serait capable d’aller jusqu’au bout ?
Oui, Wilfried Zaha est un joueur talentueux. Maintenant, ses performances avec la sélection sont toujours restées un peu disparates. Il n’a pas été toujours à la hauteur des attentes. Maintenant, il y a aussi un effectif de grande qualité avec cette équipe de Côte d’Ivoire, des joueurs qui sont capables de faire la différence.
Oui, même si Wilfried Zaha est talentueux, ça ne peut pas impacter outre mesure sur les performances de l’équipe de Côte d’Ivoire sur cette édition de la CAN.
La non-sélection de Wilfried Zaha fait polémique en Côte d’Ivoire. On lui reproche d’être indiscipliné sur le plan collectif. Est-ce que vous avez constaté cela ?
Je l’avais sélectionné pour la Coupe d’Afrique des Nations en 2017. Il arrivait dans un groupe qu’il ne connaissait pas, il s’intégrait. Il n’a pas vraiment posé de problème, à ma connaissance. Par contre, pour la suite je ne peux pas me prononcer…
La Guinée, certainement le pays qui vous a beaucoup marqué, partage le même groupe avec le Sénégal, le Cameroun et la Gambie. Comment voyez-vous les chances du Syli national ?
La Guinée est dans un groupe difficile, avec la présence du Sénégal, champion d’Afrique en titre, du Cameroun, qui était 3e de la dernière édition et la Gambie, qui est aussi une équipe qui a de bons joueurs, un très bon effectif. Qui avait fait souffrir la Guinée lors de la dernière édition en s’imposant en huitième de finale.
Je pense que ça sera une revanche pour la Guinée de vouloir finir devant cette équipe de la Gambie, de la battre pour finir dans les trois premiers. Même si on fait une photo pour dire que le Sénégal et le Cameroun finiront dans les deux premières places, il faut qu’ils justifient ces attentes et ce n’est pas toujours évident.
Pour le Sénégal, qui est champion en titre, c’est toujours compliqué pour l’équipe championne de se remettre en question et on voit sur les dernières éditions, moi-même en 2017 avec la Côte d’Ivoire.
La Guinée a beaucoup de buteurs ces derniers temps, à l’instar de Serhou Guirassy, Morgan Guilavogui ou encore Mohamed Bayo. Pensez-vous qu’elle serait capable d’aller chercher ce trophée ?
Je ne rangerais pas la Guinée au rang des favoris. Je la placerais comme un outsider, parce qu’elle a des joueurs de qualité, un potentiel offensif non négligeable et même au milieu, avec la présence de Naby Keïta « Deco ».
Le point essentiel pour cette équipe est de trouver une bonne assise défensive pour pouvoir bien s’exprimer sur le plan offensif et être efficace dans cette compétition. Après c’est une histoire de dynamique qui est enclenchée. Il y a des équipes qui vont au bout de la compétition parce qu’ils sont dans de bonnes dispositions et de réussite à des moments importants. C’est ce que je peux souhaiter à cette équipe du Syli national.
Quelles sont les équipes favorites de Michel Dussuyer pour cette CAN ivoirienne ?
Beaucoup d’équipes peuvent prétendre gagner cette compétition et c’est difficile de dégager forcément des favoris. Si je veux me mouiller un peu, je dirai la Côte d’Ivoire et le Maroc.
Que devient Michel Dussuyer, qui a disparu de la scène footballistique africaine ces deux dernières années ?
Je me suis mis en retrait, mais je ne m’interdis rien pour l’avenir…
Plusieurs clubs de la Ligue 1 française ont été décimés avec les départs de leurs joueurs pour cette CAN et l’OM en tête avec un total de 7. Pensez-vous que cette compétition porte préjudice aux clubs ?
La Coupe d’Afrique des Nations est au calendrier. Donc, un calendrier international prévu en avance en début d’année. On ne peut pas être surpris. Si des clubs sont en difficulté, c’est de leur faute de n’avoir pas intégré ce paramètre dans la gestion de leur effectif.