L’équipe nationale d’Algérie a connu une succession de sélectionneurs ces dernières années. C’est pour dire que depuis 2010, 9 coachs différents ont occupé le banc des Verts. Certains ont changé à tout jamais l’image de la sélection, avec l’énorme impact positif qu’ils ont pu avoir.
Alors que la FAF devrait annoncer le nom du successeur de Djamel Belmadi dans les alentours du 15 février, il serait intéressant de se replonger dans l’histoire, pas très lointaine, de la sélection et de relever les trois sélectionneurs qui ont le plus marqué l’équipe d’Algérie ces 10 dernières années. Lecture.
Rabah Saâdane
Pour tous les amateurs de football algérien des années 2000, « Cheikh » Saâdane est un incontournable. En réalité, le technicien originaire de Batna en Algérie a été à la tête de la sélection à quatre reprises. Toutefois, son passage le plus mémorable est son dernier, qui s’est prolongé de 2007 à 2010.
Ce passage a été animé par la grande rivalité sportive entre l’Algérie et l’Égypte, notamment lors des matchs de qualification pour la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.
A l’époque, à l’issue des matchs barrages, les Fennecs et les Pharaons se sont retrouvés en parfaite égalité de points et de buts, ce qui a conduit à l’organisation d’une troisième rencontre en terrain neutre, au Soudan, plus précisément à Oum Dourman.
C’est suite à un match historique et un but devenu culte d’un certain Antar Yahia, que l’Algérie a reçu son ticket pour le mondial qui aura été remporté par l’Espagne en 2010. Durant la phase de groupes, l’équipe de Saâdane a eu affaire avec l’Angleterre, les États-Unis et la Slovénie. Des matchs qui ont régalé le public algérien à l’époque, mais dont les scores n’ont malheureusement pas été suffisants pour une qualification au second tour.
Rabah Saâdane, en plus d’être un entraîneur historique de l’Algérie, est une personnalité très appréciée par le peuple ; et dans un pays qui respire le football, c’est très fort. D’ailleurs, son surnom de « Cheikh », désigne en arabe une personne sage et très influente.
De plus, l’équipe du début des années 2010, composée de Nadir Belhadj, Karim Ziani, Rafik Saïfi ou encore Madjid Bougherra pour ne citer qu’eux, a été pour beaucoup l’une des équipes algériennes les plus charismatiques. Ce qui a également grandement contribué au succès de Saâdane lors de son dernier contrat avec la FAF.
Sinon, niveau technique, le coach algérien était souvent critiqué pour des choix assez hasardeux. Il avait d’ailleurs à l’époque déclaré en interview qu’il laissait ses joueurs s’exprimer sur le terrain de la manière qu’ils aiment eux, visant tout de même la victoire.
Malgré tout, Rabah Saâdane est et restera à jamais un coach historique de l’Algérie, qui, même après une dizaine d’années, est considéré comme l’un des plus grands que le pays ait connu. Il tira cependant sa révérence en septembre 2010 à la suite d’un mauvais début des éliminatoires de la CAN 2012.
Vahid Halilhodzic
En juin 2011, le coach bosniaque Vahid Halilhodzic a conclu un deal de 3 ans avec la FAF dans le but de driver les Verts jusqu’à la Coupe du Monde 2014. Malgré une Coupe d’Afrique 2013, le président de la Fédération de l’époque, Mohamed Raouraoua, a tenu à le garder, misant sur une grosse Coupe du Monde.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’ancien représentant du football algérien n’a pas été déçu de son choix. Coach Vahid a réussi à qualifier l’Algérie pour le Mondial 2014 au Brésil après avoir battu le Burkina Faso lors du 3e tour des éliminatoires.
Beaucoup se rappellent de cette image de Halilhodzic en larmes et très émotif avec ses joueurs dans le vestiaire, après sa qualification, excité à l’idée de jouer sa première Coupe du Monde en tant que sélectionneur.
Durant la compétition mondiale, Halilhodzic et ses hommes ont réussi à atteindre les huitièmes de finale. Un exploit historique pour l’Algérie, qui ne sera jamais oubliée des supporters. C’est seulement après un match explosif contre une Allemagne bien trop solide que l’Algérie s’inclina et quitta le tournoi, contre l’équipe qui fût sacrée championne quelques jours plus tard.
Halilhodzic est revenu en Algérie en héros, acclamé par une foule en délire qui attendait le retour de la délégation dans tout Alger.
Suite à son excellente performance avec les Verts, la FAF désirait, bien entendu, prolonger le contrat de Halilhodzic. Chose qui a cependant été refusée par ce dernier, qui a désiré quitter son poste tout en gardant sa magnifique image chez les Algériens. Il quitte son poste en juillet 2014 avant que Christian Gourcuff ne prenne les rênes.
Halilhodzic a été à l’origine de la découverte de plusieurs grands talents actuels du football algérien. On pense notamment à Yacine Brahimi, Raïs M’Bolhi, Islam Slimani ou encore Riyad Mahrez. C’est lors de son ère que les actuels grands noms du ballon rond algérien ont émergé.
Tactiquement, Halilhodzic était connu pour être un gros stratège, bien que très strict et qui imposait une grosse discipline à ses joueurs. En interrogeant ses anciens protégés, tous gardent l’image d’un coach certes très gentil et à l’écoute, mais également très dur et de très fort caractère.
Son comportement a d’ailleurs été bénéfique pour l’Algérie, dans une certaine mesure, qui cherchait à rétablir une certaine hiérarchie dans ses rangs.
Halilhodzic a donc été un entraîneur emblématique de l’Algérie, qui est toujours demandé par le public. Même 10 ans après son départ, les supporters le réclament toujours pour remplacer l’ancien sélectionneur, et même la FAF ne s’oppose pas à cette idée.
Djamel Belmadi
Comment parler de sélectionneur iconique sans parler de Djamel Belmadi. A la tête du staff technique depuis 2019, Belmadi est devenu un monument de l’équipe nationale. Surnommé le « Ministre du bonheur » par le peuple, Belmadi a toujours eu cette image du véritable patriote algérien, qui aura tout donné pour son pays.
Un soir de juillet 2019, le coach est entré définitivement dans la légende après la victoire de l’Algérie en finale de Coupe d’Afrique contre le Sénégal, ajoutant une deuxième étoile sur le maillot des Fennecs.
Belmadi est également à l’origine de la magnifique série d’invincibilité de l’Algérie, qui est de 35, soit 2 matchs de moins que le record du monde détenu par l’Argentine.
L’ancien joueur de l’Olympique de Marseille a bien marqué l’histoire du football algérien de toutes les manières possibles. En effet, Belmadi avait un caractère fort, très fort, plus particulièrement en dehors des terrains. Connu pour son franc-parler, le coach faisait souvent polémique, sans pour autant perdre la confiance du peuple.
Le dernier sélectionneur en date de l’Algérie a également ramené une toute nouvelle génération de pépites binationales en équipe nationale, tous évoluant dans de gros clubs en Europe, comme par exemple Farès Chaïbi, Houssem Aouar, Amine Gouiri ou encore Rayan Aït-Nouri.
Belmadi portait également une grande importance au football local, boostant certains gros éléments des clubs côtés du pays, mais en participant indirectement au sacre de l’équipe A’ d’Algérie en Coupe Arabe en décembre 2021.
Le coach était très proche de Madjid Bougherra, sélectionneur de l’équipe A’, et c’est grâce à son aide que la Coupe a été soulevée au Qatar.
Toutefois, Belmadi n’a pas pu résister à trois gros échecs consécutifs. Une première Coupe d’Afrique 2021 désastreuse, suivie d’une défaite à domicile contre le Cameroun qui aura valu à l’Algérie une place en Coupe du Monde 2022 ont grandement fragilisé le sélectionneur à son poste.
La FAF a tout de même voulu lui laisser une seconde chance, mais qui s’est soldée par un troisième échec lors de la Coupe d’Afrique en cours en Côte d’Ivoire. L’Algérie a été éliminée lors de la phase de groupes et Belmadi avait, juste après, annoncé sa démission à ses joueurs dans le vestiaire.
Qu’on le veuille ou non, Belmadi aura marqué à jamais l’histoire de la sélection. Même si actuellement il est toujours sujet à critiques, beaucoup oublieront ces détails dans les prochaines années et se souviendront seulement de son sacre en Coupe d’Afrique 2019, que les observateurs de football algérien ne sont pas prêts d’oublier durant le reste de leurs vies.